samedi 13 octobre 2012

interview avec Amandine, doula


Bonjour à toutes,

Aujourd'hui, je tenais à vous faire partager l’expérience d’Amandine LAGARDE, qui a eu la gentillesse de prendre un peu de son temps libre pour répondre à quelques unes de mes questions. Je vous laisse découvrir ses réponses.... 

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- Maman de deux filles, vous entendez parler pour la première fois de doula quelques mois après la naissance de votre ainée. Comment avez-vous fait cette découverte ?

Après mon 1er accouchement, je me suis posée beaucoup de questions sur le déroulement de cet évènement. Je n'étais pas satisfaite de la façon donc j'avais vécu ce moment, j'avais ressenti un grand manque de soutien. J'ai tout d'abord pensé que j'avais fait des choix qui ne me correspondaient pas au niveau du suivi de ma grossesse, de ma préparation à l'accouchement... Puis, en farfouillant sur le net, j'ai découvert ce qu'était une doula, son rôle, son positionnement... J'ai tout de suite accroché : je pouvais enfin mettre en mots ce qui m'avait manqué, c'était cette notion d'accompagnement! J'ai tout de suite décidé que je prendrai une doula pour une prochaine grossesse, puis, assez vite, j'ai souhaité accompagner moi-même des couples.

- En 2010 vous décidez de participer aux journées consacrées aux doulas, pour la première fois. Comment se sont déroulées ces journées ? quelles activités sont proposées ? quelles informations avez-vous trouvé ? 

Pour moi, c'était une étape importante dans mon cheminement : rencontrer, échanger, essayer de jauger si j'avais ma place dans cet espace, si je me reconnaissais un peu parmi ces doulas et futures doulas... Et le test a été concluant!
Ces journées se composent de "plénières", avec des intervenants divers (auteurs, professionnels de santé, associations...), et d'ateliers en petits groupes durant lesquels doulas, futures doulas, mais aussi des parents peuvent découvrir ou approfondir un thème précis. 
C'est un évènement très chaleureux et convivial, qui permet de découvrir d'autres pratiques, d'entendre des témoignages ou de témoigner soi-même sur divers aspects du métier de doula. C'est important de se retrouver une fois par an pour se ressourcer, se recentrer.

- Vous voilà maintenant bien informée sur la fonction de doula. Quels ont été les outils déclencheurs qui ont fait que vous vous êtes dit : « ce métier est fait pour moi » ?
  
Je ne parlerai pas de déclic mais de cheminement. Ce positionnement, cette relation particulière avec les mères et les couples, me sont progressivement apparus comme des évidences. Difficile à expliciter mais disons que j'ai eu des "signes" qui m'ont encouragée à aller dans cette direction. J'aime le contact, l'échange, être à l'écoute et "accueillir" les sentiments de l'autre, mais surtout, j'aime ce moment si particulier de la vie. Pour moi c'est un plaisir sans cesse renouvelé et une grande chance de pouvoir accompagner des couples autour de la naissance de leur enfant!

- Etre doula signifie accompagner, rassurer, être à l’écoute, soulager stress et angoisse de la future maman. Comment expliquez-vous qu’aujourd’hui encore de nombreuses femmes et futures mères éprouvent ce sentiment d’abandon (manque du soutien du conjoint, des proches), de non compréhension (des proches, du corps médical), de ce manque d’écoute et d’information sur le suivi de grossesse et l’accouchement ?

En effet, beaucoup de femmes éprouvent ces sentiments. Pendant la grossesse, l'accouchement et les 1ers moments avec son bébé, la mère vit de grands bouleversements, des moments très intenses physiquement et moralement. Elle peut avoir besoin d'établir une relation de confiance avec une personne qui sera là pour elle dans la continuité, besoin d'être soutenue discrètement, entourée d'une présence maternante. Parfois, elle ne peut pas établir cette relation particulière avec son compagnon, qui est lui-aussi en plein bouleversement... Les amies ont leurs vies, la famille proche s'intéresse parfois plus au futur bébé qu'aux questionnements de la maman en devenir... Le suivi médical passe souvent par différents professionnels, il est rare qu'un même interlocuteur soit présent du début de la grossesse à la période post-natale. Il est rare aussi que les professionnels rencontrés tout au long de ce parcours puissent proposer à la femme et au couple l'écoute et l'attention dont ils pourraient avoir besoin.
La doula se situe réellement dans une position qui ne peut être occupée ni par les proches, ni par l'équipe médicale. Et même des futures mamans qui ne se sentent ni stressées, ni angoissées font appel à une doula pour être accompagnées dans la bienveillance par une autre femme.

- Vous proposez un soutien ponctuel (de courte durée sur un ou plusieurs doutes), un accompagnement plus approfondi (en début et/ou fin de grossesse ou grossesse complète) et l’organisation du blessing way (qui célèbre la femme enceinte et non le bébé à venir). Parmi les futures mères qui vous contactent, quelle est la part de celles qui désirent un simple soutien ponctuel ? un accompagnement sur du long terme ? et quelle est la part de celles qui suite à ce suivi, désirent célébrer leur grossesse en organisant un blessing way ?

Pour ma part, j'ai plus souvent été contactée pour un soutien ponctuel, à la fin de la grossesse ou après la naissance. Le rôle "traditionnel" de la doula s'inscrit plutôt dans la continuité, mais cette demande est encore peu courante. J'ai une fois été contactée pour un soutien ponctuel qui s'est ensuite transformé en accompagnement "tardif"...
Le Blessing Way est "à part" : certaines futures mamans souhaitent le célébrer sans avoir choisi d'être accompagnée par une doula, et au contraire, les mamans accompagnées n't pas toujours envie de cette cérémonie.

- Je remarque que bon nombre de futures mamans qui font appel à une doula, le font lors de leur seconde grossesse. cela montre que de nos jours de nombreuses femmes et futures mères éprouvent encore ce sentiment de solitude, de ‘mal faire’, de crainte et d’inquiétude. Qu’en pensez-vous ?

Effectivement, les demandes sont nombreuses pour une 2ème voire une Nième grossesse. Pour ma part, je n'explique pas cela uniquement par des doutes ou par un manque de confiance. Au contraire! Parfois, la 1ère grossesse montre la voie, elle ouvre une réflexion qui permet à la mère de déterminer ce qu'elle veut, ce dont elle a besoin, et les façons de l'obtenir. Elle peut avoir ressenti un vide, et souhaiter une présence bienveillante à ses côtés. Elle peut aussi simplement avoir envie de consacrer un peu plus de temps à ce futur bébé (chose souvent plus difficile quand on a déjà un enfant). Le couple peut souhaiter qu'une personne de confiance soit présente auprès d'eux lors de l'accouchement, en plus de l'équipe médicale. Les raisons qui conduisent les mères et les couples à faire appel à une doula sont multiples...

- Pouvez-vous nous dire comment se passe le premier contact entre vous et les futurs parents ? et comment réagissent les futurs pères face à cet accompagnement ?
 Souvent, c'est la future maman qui est à l'initiative de la démarche et qui me contacte. La 1ère rencontre permet de faire le point sur ses souhaits et ses besoins, j'essaie de cerner ce qu'elle attend de moi, sachant bien sur que cette "attente" peut évoluer et se transformer complètement au fil de la grossesse. Le père n'est pas forcément présent dès les 1ères rencontres, il doit pouvoir s'investir à son rythme, sans pression. Il est important de bien montrer que le rôle de la doula n'empiète en aucun cas sur celui du père.  Et en général, il est heureux de voir que sa compagne trouve le soutien féminin dont elle a besoin! 

- Avez-vous déjà célébrer un blessing way avec la présence du futur papa ? si oui, comment s’est il investi dans la fête, quel était son rôle ?
Cela ne m'est jamais arrivé! Une des mamans pour qui j'avais organisé un Blessing Way avait envisagé la présence de son compagnon, puis finalement elle en est restée au classique cercle de femmes... Mais je pense qu'un futur papa pourrait parfaitement trouver sa place dans cette célébration.

-  Je voudrais savoir ce qui vous touche dans l’organisation et la célébration d’un blessing way et quel est votre ‘rituel‘ préféré?

Beaucoup de belles choses sont possibles...Comme le moulage du ventre... Mais j'aime particulièrement le rituel des perles : chaque participante offre une perle en l'associant à une symbolique particulière, et le collier réalisé à partir de ces perles accompagnera la future maman  au moment de l'accouchement. Ce rituel tout simple en apparence est mon préféré car chacune donne quelque chose d'elle-même, c'est toujours un moment fort, très chargé en émotions... Puis la future maman montera son collier après le départ des invitées ou le lendemain, une jolie façon pour elle de rester un peu dans cette ambiance magique... 

- Des liens forts se créés entre vous et les futurs parents, gardez vous contact après la naissance ?

Oui! Jusqu'à présent je n'ai pas accompagné beaucoup de couples, mais j'ai gardé un lien fort avec chacun d'entre eux.

- Comment faudrait-il faire, à votre avis, pour mieux faire connaitre le métier de doula, et l’accompagnement à la naissance ?

En parler! Expliquer le rôle de la doula aux côtés des parents, car celui-ci est toujours très mal connu. Et montrer que la relation peut se mettre en place "même" quand on n'a pas de difficultés particulières, juste parce qu'il est bon d'être soutenu! Mais aussi continuer à dialoguer avec les professionnels de santé : il est important que nous travaillions ensemble auprès des couples, puisque nous proposons des choses complémentaires. 

- Les 3 et 4 mai prochains se dérouleront les journées consacrées aux doulas à Paris, y serez vous ? 

Bien sûr! :) 


Encore merci à Amandine d'avoir partagé avec nous un peu de son vécu et de son expérience sur le métier de doula, qui mérite d'être reconnu.....


à très vite,


M.A.M.A.N
















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